19 février 2009
Quels sont les mécanismes qui entraînent une hypersensibilité des bronches? Pourquoi certaines personnes réagissent-elles davantage aux polluants dans l'air? C'est le mystère que tente d'élucider le professeur Pierre Larivée et son équipe, une clé essentielle vers de nouveaux traitements à l'asthme, qui affecte plus de 700 000 Québécoises et Québécois.
Sous l'égide d'une nouvelle chaire, ce groupe de chercheurs en santé respiratoire de la Faculté de médecine et des sciences de la santé veut comprendre les mécanismes immunitaires impliqués dans l'apparition de l'asthme de façon à mieux traiter la maladie, voire permettre une rémission.
«Les médicaments antiasthmatiques qui sont disponibles actuellement permettent aux patients de contrôler leurs symptômes. Mais ils n'influencent pas l'évolution de la maladie, précise le professeur Pierre Larivée, titulaire de la Chaire en pneumologie au CHUS. En élucidant les mécanismes immunitaires de l'asthme, on peut éventuellement identifier de nouvelles pistes de traitement. L'influence du zinc dans la réponse asthmatique est une avenue des plus intéressantes.» Le professeur Larivée a d'ailleurs présenté récemment des travaux préliminaires au congrès de l'American Thoracic Society.
Financée à hauteur de 1 M$ grâce à un soutien équivalent de l'Association pulmonaire du Québec et de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, la nouvelle chaire regroupe un volet de recherche biomédicale et un volet d'application clinique. L'équipe en immunologie et en pharmacologie étudie l'apparition de la maladie, c'est-à-dire les changements des bronches face à divers irritants présents dans l'environnement. Les chercheurs s'intéressent particulièrement à l'influence du zinc dans la modification de l'inflammation asthmatique et du remodelage des bronches chez les patients enfants et adultes.
La santé respiratoire fait partie des créneaux stratégiques de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, explique le vice-doyen aux études supérieures, Claude Asselin : «Ces nouvelles recherches en immunopharmacologie de l'asthme regroupent l'expertise des cliniciens et des chercheurs biomédicaux, ce qui en fait un programme avant-gardiste. Je tiens à souligner la synergie entre le Centre de recherche clinique Étienne-Lebel du CHUS et la Faculté de médecine et des sciences de la santé, qui s'est établie avec le souci de mieux répondre aux besoins croissants de la population du Québec.»
L'asthme est une maladie complexe qui résulte de la coexistence de facteurs génétiques et environnementaux contribuant à l'apparition de la maladie. L'interaction des composantes génétiques et environnementales mène à l'apparition de modifications inflammatoires importantes au niveau de l'arbre bronchique, soit l'hyperréactivité bronchique. Les bronches de patients asthmatiques réagissent donc de façon exagérée aux différents irritants des voies aériennes et allergènes présents dans l'environnement.
Par ses recherches, le professeur Larivée veut mettre l'accent sur le développement de médicaments immunomodulateurs, qui interagissent directement avec le système immunitaire plutôt que de traiter les symptômes. «À l'heure actuelle, il n'existe aucun immunomodulateur pour l'asthme, indique-t-il. Or ce type de médicament a permis d'induire une rémission pour plusieurs maladies chroniques, dont l'arthrite rhumatoïde.»
Au Québec, on estime à plus de 700 000 le nombre de personnes souffrant d'asthme, dont 300 000 enfants. De ce nombre, 60 % contrôlent mal leur maladie, ce qui entraîne des symptômes quotidiens, des consultations en salle d'urgence, de l'absentéisme au travail. L'impact économique associé à cette problématique se chiffre à environ 600 M$ par année au Canada.
Quels sont les symptômes de l'asthme? Toux, essoufflement, difficulté à respirer, respiration sifflante, serrement dans la poitrine, oppression, sécrétions bronchiques. «Les symptômes peuvent survenir de façon temporaire ou continue, et la maladie peut se déclarer à n'importe quel âge», témoigne la présidente de l'Association pulmonaire du Québec, Lucie Bourgouin, qui souffre d'asthme grave depuis sept années. «Mes symptômes sont si sévères que j'ai dû mettre fin à ma carrière d'avocate à 47 ans. Je ne peux plus parler pendant de longues heures. Quand je respire, c'est comme avoir 500 livres sur les poumons.»
En prodiguant des soins aux patients asthmatiques tout en poursuivant des recherches, Pierre Larivée se trouve dans une position stratégique pour étudier les facteurs immunologiques responsables du développement de la maladie. Chef du Service de pneumologie de l'Université de Sherbrooke, il a suivi une formation postdoctorale en recherche sur la biologie pulmonaire – inflammation bronchique. Il est chef du Service de pneumologie du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke et aussi responsable de la clinique d'asthme pour adultes. Chercheur au Centre de recherche clinique Étienne-Lebel, le professeur Larivée est membre de l'axe asthme du Réseau de recherche en santé respiratoire du Fonds de la recherche en santé du Québec.
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